JOHN GADRET

14 mai 2006

"je me suis étonné moi-même au Tour de Romandie, le Tour d'Italie va servir de révélateur."

Très en jambes dans la montée vers Leysin, lors du dernier Tour de Romandie, où il ne fut pas loin de se mêler à la lutte pour les toutes premières places, John Gadret (Ag2r Prévoyance) voit sans déplaisir se profiler les premières difficultés du Tour d'Italie. Très à l'aise dès que la route s'élève, le coureur Nordiste est chargé de chercher l'ouverture sur les parcours montagneux des étapes qui le séparent encore de Rovato (16ème étape), où pour beaucoup d'observateurs débutera seulement l'explication finale des prétendants à la victoire finale. Le champion de France de cyclo-cross dispute cette année son Tour d'Italie, qu'il avait dû quitter prématurément dans les premières étapes de l'édition 2004.

John, l'excellent travail de votre équipe pour positionner Tomas Vaitkus dans les tous derniers kilomètres est-il pour beaucoup dans sa 3ème place à Forli?

"C'est sûr que le travail de toute l'équipe a été récompensé. Arturas Kasputis avait bien anticipé le scénario en demandant au groupe de bien emmener Tomas. On va dire qu'il s'est mieux trouvé positionné. C'est vrai que devant un Robbie McEwen c'est encore un autre problème. Mais pour toute l'équipe Ag2r, une place de trois sur une arrivée du Giro ça fait plaisir à tout le groupe."

Les longues lignes droites des routes de la Romagne ont-elles permis de recharger les accus au lendemain d'un contre-la-montre par équipes éprouvant ?
"Oui et ce n'est pas un mal. D'un autre côté, nous n'avons pas vu l'intérêt de partir dans l'échappée d'aujourd'hui, au vu du profil de l'étape et des difficultés qui nous attendent dans les tous prochains jours."

Avez-vous l'intention de vous montrer sur des étapes de montagne comme celles de ce week-end ?
"Cela va dépendre des jambes. On va aborder mes terrains d'affection. Toutefois, il faut bien avoir conscience que d'autres que moi attendent ces étapes. Il va falloir mouiller le maillot pour tirer son épingle du jeu."

Pour un peu, vous occuperiez la première place au général des coureurs Français. Un hasard ou un objectif ?
"Un pur hasard. Je ne possède aucun objectif de cet ordre. On va tous se mettre à plat-ventre pour ramener quelque chose de ce Tour d'Italie."

Vos performances sur le Tour de Romandie, que vous avez terminé à la 14ème place, permettent-elles de vous intégrer à la catégorie des grimpeurs ?
"Je me découvre dans ce domaine et déjà au Tour de Romandie. Bien que j'affichais déjà quelques prédispositions, je me suis étonné moi-même en Suisse. C'est pour cela que le Tour d'Italie va servir de révélateur. C'est un véritable test. Je vais essayer de boucler cette épreuve de trois semaines avec les difficultés au programme que l'on connaît."

Quels objectifs a fixé Arturas Kasputis, en charge de vous diriger sur cette épreuve ?
"Emmener les sprints de Tomas Vaitkus. Apprendre au contact des meilleurs quand on sait que notre groupe est quand même très jeune et dépourvu de références sur les grands tours."

Tomas Vaitkus est-il le leader d'Ag2r Prévoyance sur le Giro ?
"Tomas n'a pas de qualité de leader telle qu'elle s'entend pour aller chercher une place au général. Ses qualités de sprinter méritent néanmoins que nous l'amenions comme aujourd'hui en position favorable lors des arrivées."

Comment va Carl Naïbo, aperçu à la peine depuis le départ de Seraing ?
"Ca revient tellement bien qu'aujourd'hui il n'a pas été le dernier à travailler pour Tomas dans les derniers kilomètres."

Après le Giro, jouerez-vous votre carte à fond lors du Championnat de France sur route ?
"Oui sans aucun doute. Une épreuve comme celle-là motive énormément."

Comment se fait-il que des crossmen comme Sven Nys ou Bart Wellens ne disposent pas des mêmes qualités de routier que vous affichez avec Arnaud Labbe, Francis Mourey ou Enrico Franzoi ?
"Ces grands cyclo-crossmen belges n'ont pas spécialement besoin de tâter la route pour bien vivre. D'un autre côté, c'est vrai que les dispositions pour devenir routier sont un peu différentes. Je ne regrette pas, en ce qui me concerne, d'avoir deux cordes à mon arc. J'éprouve des sensations très fortes lorsque la route s'élève."

A quel moment de la saison avez-vous prévu de couper la route pour préparer les cyclo-cross ?
"D'abord en juillet, à la fin du Tour d'Autriche, et ensuite début septembre pour préparer mon mariage et dans la foulée vers la fin octobre le début des cyclo-cross."